第五章
Des robes neutres, strictes, très claires, blanches comme l'été au cœur de l'hiver.
Betty Fernandez.
Le souvenir des hommes ne se produit jamais dans cet éclairement illuminant qui accompagne celui des femmes.Betty Fernandez.Étrangère elle aussi.
Aussitôt le nom prononcé, la voici, elle marche dans une rue de Paris, elle est myope, elle voit très peu, elle plisse les yeux pour reconnaître tout à fait, elle vous salue d'une main légère.
Bonjour vous allez bien ? Morte depuis longtemps maintenant.
Depuis trente ans peutêtre.
Je me souviens de la grâce, c'est trop tard maintenant pour que je l'oublie,rien n'en atteint encore la perfection, rien n'en atteindra jamais la perfection, ni les circonstances, ni l'époque, ni le froid, ni la faim, ni la défaite allemande, ni la mise en pleine lumière du Crime.
Elle passe toujours la rue par-dessus rHistoire de ces choses-là, si terribles soient-elles.
Ici aussi les yeux sont clairs.
La robe rose est ancienne, et poussiéreuse la capeline noire dans le soleil de la rue.
Elle est mince, haute, dessinée à l'encre de Chine, une gravure.
Les gens s'arrêtent et regardent émerveillés l'élégance de cette étrangère qui passe sans voir.Souveraine.
On ne sait jamais d‘emblée d'où elle vient.
Et puis on se dit qu'elle ne peut venir que d'ailleurs,que de là.
Elle est belle, belle de cette incidence.
Elle est vêtue des vieilles nippes de l'Europe, du reste des brocarts, des vieux tailleurs démodés, des vieux rideaux, des vieux fonds, des vieux morceaux, des vieilles loques de haute couture, des vieux renards mités, des vieilles loutres, sa beauté est ainsi, déchirée, frileuse, sanglotante, et d'exil, rien ne lui va, tout est trop grand pour elle, et c'est beau, elle flotte, trop mince, elle ne tient dans rien, et cependant c‘est beau.
Elle est ainsi faite, dans la tête et dans le corps, que chaque chose qui la touche participe aussitôt, indéfectiblement, de cette beauté.
这章没有结束^.^,请点击下一页继续阅读!