Je dis : je peux me marier partout, quand je veux.
Ma mère fait signe que non.
Non.
Elle dit : ici tout se sait, ici tu ne pourras plus.
Elle me regarde et elle dit les choses inoubliables : tu leur plais ? Je réponds : c'est ça, je leur plais quand même.
C'est là qu'elle dit : tu leur plais aussi à cause de ce que tu es toi.
Elle me demande encore : c'est seulement pour l'argent que tu le vois ? J'hésite et puis je dis que c'est seulement pour l'argent.
Elle me regarde encore longtemps, elle ne me croit pas.
Elle dit : je ne te ressemblais pas, j'ai eu plus de mal que toi pour les études et moi j'étais très sérieuse, je l'ai été trop longtemps, trop tard, j'ai perdu le goût de mon plaisir.
C'était un jour de vacances à Sadec.
Elle se reposait sur un rocking-chair, les pieds sur une chaise, elle avait fait un courant d'air entre les portes du salon et de la salle à manger.
Elle était paisible, pas méchante.
Tout à coup elle avait aperçu sa petite, elle avait eu envie de lui parler.
On n'était pas loin de la fin, de l'abandon des terres du barrage.
Pas loin du départ pour la France.
Je la regardais s'endormir.
De temps en temps ma mère décrète : demain on va chez le photographe.
Elle se plaint du prix mais elle fait quand même les frais des photos de famille.
Les photos, on les regarde, on ne se regarde pas mais on regarde les photographies, chacun séparément, sans un mot de commentaire, mais on les regarde, on se voit.
On voit les autres membres de la famille un par un ou rassemblés.
On se revoit quand on était très petit sur les anciennes photos et on se regarde sur les photos récentes.
La séparation a encore grandi entre nous.
Une fois regardées, les photos sont rangées avec le linge dans les armoires.
Ma mère nous fait photographier pour pouvoir nous voir,voir si nous grandissons normalement.
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